L'enseignement du droit Orient/Occident - Les techniques d'éducation

Publié le 16 avril 2009 Mis à jour le 8 juin 2011
Date(s)

le 19 juin 2009

Orient-Occident
L'enseignement du droit & les techniques d'éducation


Journée d'histoire du droit 
Rencontre autour de Kasra Vafadari

Université Université Paris Nanterre 
Salle de conférences  au RdC du Bât. b


Partager les savoirs, telle pourrait être la devise de notre monde moderne. Son application au milieu universitaire passe par la récente réforme LMD qui doit rendre techniquement possible un cursus universitaire à l'échelle européenne. La vieille universitas  des temps médiévaux serait-elle en train de renaître ? Si la circulation des étudiants ne peut être que bénéfique en permettant une prise de conscience d'une identité européenne, la mise en oeuvre d'un cursus européen n'est pas sans difficulté. Car la formation des juristes est spécifique à chaque pays et relève des traditions nationales.
La formation du juriste dépend de la place qu'il occupe dans la société. Veut-on d'un juriste citoyen actif, capable de s'interroger sur les fondements de la loi, sa pertinence, ou bien d'un juriste « garagiste », technicien des lois ? La moindre importance de la pensée, aux prises avec les tentations totalitaires ou intégristes, impose la vigilance. Derrière le voeu pieux de l'ouverture intenationale, la tentation n'est-elle pas de passer les cursus universitaires au rasoir d'Ockham ?
Pour sa quatrième journée d'études dédiée à notre collègue Kasra Vafadari, parangon de ce cosmopolitisme universitaire, notre centre de recherches Genèse des Etats et des Droits de l'Europe et de l'Orient Méditerranéen propose d'explorer, dans une perspective comparatiste, un thème peu étudié, celui de l'apprentissage du juriste, des techniques d'éducation juridique en Orient et en Occident.
Les techniques d'éducation déterminent les structures de la pensée. Dans les sociétés de tradition orale, la norme sature la mémoire, s'inscrit dans le corps de l'initié, parce que la coutume dicte chacun des gestes quotidiens et qu'elle façonne l'identité des vrais hommes. Quels sont les changements induits par l'écriture de la norme ? Quelle place l'oralité conserve-t-elle dans l'apprentissage de la loi écrite ? La dynamique de l'oralité et de l'écriture est assurément fondatrice :  lorsque, aux derniers temps de Rome, le « grand parler » des barbares s'imposa, le savoir juridique - ius - devint droit - directum.
Les méthodes d'éducation sont-elles propres aux juristes ? Quel tribut le droit doit-il aux autres disciplines ? A titre d'exemple, on peut s'interroger sur l'influence de la rhétorique dans l'avènement d'une science juridique à Rome, sur celle de la glose ou de la scolastique dans la production juridique du Moyen Age. Quelles sont les spécificités des traditions nationales ? Y a-t-il des méthodes d'apprentissage du droit propres aux pays de droit romain, à ceux de common law et s'oriente-t-on vers une uniformisation des méthodes d'apprentissage en Occident ?
Le juriste demeure toujours un peu l'oracle de la cité. Quel est son rôle dans la transmission de la mémoire ? Quelles ruptures constituent les révolutions dans l'enseignement du droit ?
Une certaine tendance de l'histoire se complait à nier l'influence de l'Orient dans le développement de notre pensée occidentale. Il nous faut réaffirmer les traces manifestes que notre système juridique conserve de cette influence relativement à la transmission du savoir, que ce soit la forme « si ...alors », fondamentale pour la construction du syllogisme, héritée des Mésopotamiens qui avaient organisé leur savoir autour de listes structurées dans cette forme hypothétique ou l'apport de l'école de droit de Beyrouth, ou bien encore une certaine façon d'envisager le rapport de l'homme au savoir.
Des druides aux rhéteurs ; le Gaius d'Autun. L'éducation en Gaule romaine
Soazick Kerneis, Pr université Université Paris Nanterre  
L'enseignement du droit dans l'Irlande médiévale
Christophe Archan, Pr université de Reims
Du raisonnement par parallélisme au syllogisme juridique : le tournant des années 1260 dans l'Ecole de droit d'Orléans
Marie Bassano, Dr université Paris Panthéon-Assas
Le statut du docteur chez Bartole
Elisabeth Schneider, Doctorante université de Université Paris Nanterre, chargée de recherche au Max-Planck-Institut
La leçon inaugurale de François de Launay, le premier professeur de droit français de Paris
Pierre Bonin, Pr université de Nantes
Renouveler l'enseignement du droit : la leçon de Louis Wolowski au  Conservatoire royal des arts et métiers
Christian Chêne, Pr université Paris Descartes
La formation juridique dans la tradition byzantine
Luke Au Yeung, doctorant université Université Paris Nanterre
L'esprit ou la lettre. Les écoles exégétiques d'Antioche et d'Alexandrie
Aram Mardirossian, Pr université de Bourgogne
Le droit au programme des examens officiels dans la Chine impériale
Frédéric Constant, Dr université Université Paris Nanterre
L'apprentissage du droit en Mésopotamie : une méthode scientifique ?
Sophie Démare-Lafont, Pr université Paris Panthéon-Assas
Table ronde, approche comparative des conférences de la journée avec le processus de la socialisation juridique en Europe et dans les sociétés africaines de tradition orale
présidée par Jean-Pierre Baud, Pr émérite université Université Paris Nanterre
avec Chantal Kourilsky- Augeven, directeur honoraire, CNRS,
Charles de Lespinay, chargé de cours université Université Paris Nanterre
et Raymond Verdier, directeur honoraire, CNRS

Mis à jour le 08 juin 2011