CHAD - Droit et cultures

La Revue Droit et Cultures

 

Une place spécifique doit être faite à la revue Droit et Cultures, fondée en 1981 à l’initiative de Raymond Verdier et à laquelle ont participé et participent toujours la plupart d’entre nous. C’est une revue de recherche internationale et interdisciplinaire, centrée sur les phénomènes juridiques. L’idée de droit, des droits, du droit n’a de sens qu’en référence à un système de valeurs, de normes et de cultures qui révèlent des formes dynamiques d’agencement social ou sociétal. Les cultures, les organisations sociales et politiques, les ordonnancements juridiques, dans leur diversité, invitent à repenser les modèles, catégories et classifications. Le défi de Droit et Cultures est de s’affranchir de la réduction du phénomènejuridique à une version unique et de promouvoir une lecture plurielle des faits culturels ; il implique d’appréhender les représentations, les discours et les pratiques des acteurs. Y participent les analyses sur la pluralité des paradigmes et sur les transformations des concepts, sur les permutations des références, sur les fluctuations des champs de recherche et des terrains d’observation dans le temps comme dans l’espace. En relèvent de même les travaux sur les variations des perceptions, sur les réinterprétations des traditions aussi bien que sur les reconfigurations des relations sociales aux échelles internationales, régionales et locales.

 

Le Comité éditorial comprend des enseignants, des chercheurs et des praticiens du droit de l’Université Université Paris Nanterre, ainsi que d’autres organismes (dont notamment le Centre National de la Recherche Scientifique) en France et à l’étranger. La revue continuera son activité de publication. Il est bien sûr matériellement impossible, et inutile, de détailler l’ensemble des numéros qui paraîtront sur la période 2014-2018 ; bornonsnous, à titre d’exemple, à quelques-uns des premiers numéros pour la période envisagée :

 

- « Les cultures et la loi: l’exemple de l’Inde », (réd. Probal Dasgupta et Papia Sengupta). Ce numéro thématique sera dédié à l’interaction entre le juridique et le culturel dans le contexte bien particulier de l’Inde. Comment s’organise la relation entre les institutions juridiques modernes et le droit coutumier ? Qu’en est-il de l’effectivité des normes, tout particulièrement lorsqu’elles devraient s’appliquer aux sous-communautés ? Le numéro comportera des contributions issues de juristes, historiens, politistes et sociologues.

 

- « Espaces des politiques mémorielles. Enjeux de mémoire », (réd. G. Koubi & J. Lahmani). Quelle relation entretiennent politique et mémoire ? Lieux de mémoire, lois mémorielles sont à la base de l’enquête qui s’attache à repérer ce que la « scénographie », législative ou réglementaire, émanant des pouvoirs publics en quelconque pays, peut signifier à l'endroit de ses citoyens comme à l'égard de la communauté internationale ou, plus particulièrement, envers des États tiers. S'agit-il alors de « montrer « plus que de décrire et décrypter ? L'objectif est-il de modeler notre compréhension de l’histoire et d'orienter notre avenir ? Quel lien, en effet, peut-on trouver entre la construction d’un édifice d’une hauteur de 1776 pieds (chiffre significatif dans l’histoire des États-Unis) sur le site 'Ground Zero', les différentes lois mémorielles adoptées par la France -- sans faire d'impasse sur les rebondissements d'une loi visant à réprimer la contestation de l'existence des génocides reconnus par la loi, votée par le Parlement et soumise à l'examen de sa conformité devant le Conseil constitutionnel -- la création du « Mémorial de Caen « qui abrite la Cité pour la Paix, et l’institutionnalisation des mises en scènes « muséales « de la violence, que cela soit au Pérou ou au Cambodge, par exemple ? Mais aussi, comment se saisir du message que voudraient transmettre les expositions itinérantes qui concernent aussi bien les crimes contre l'humanité que les guerres, les conflits, les violences ? Ce numéro thématique de Droit et Cultures a ainsi pour ambition, suivant des approches nationales ou internationales et toujours interdisciplinaires, de percevoir les modes de construction de ces espaces, architecturaux, naturels ou discursifs, que les politiques mémorielles instituent et, peut-être, d’en analyser les mécanismes et les enjeux.


 

Mis à jour le 02 mai 2016