• Libellé inconnu,

Les usages de l'Antiquité

Publié le 6 novembre 2011 Mis à jour le 12 mars 2012

Journée d’étude pluridisciplinaire co-organisée par le Centre de Théorie et Analyse du Droit & le Centre d’Histoire et Anthropologie du Droit

Date(s)

le 13 avril 2012

Lieu(x)

Salle de conférence de la faculté de droit,

Bâtiment F, 3ème étage, F.352

Les usages de l'Antiquité

 

vendredi 13 avril 2012

 

 

Quels antiques usages à Nemetodunum : trois gens de loi, trois discours et trois arbitres .

 


 

 

                Antiquitas désignait à Rome les temps très anciens que la mémoire devait conserver et dont l'exemple inspirait la gravité romaine. La réflexion sur le passé s'épanouit avec l'émergence de la conscience historique, une certaine réflexion sur le temps, la quête des origines. A Rome, l'antiquitas est légitimante et les Romains accrochaient volontiers leur présent au passé ; relief d'une pensée coutumière, obsession du rite, la nouveauté n'a guère de place dans la Cité. Encore sous l'Empire, il est de bon ton d'exciper du passé.

                Avec la Renaissance, l'Antiquité devient obsédante, une Antiquité largement orientée sur l'héritage de l'urbanitas latine.  L'humanisme juridique clame la grandeur du droit romain et aspire à renouer avec sa pureté originaire. L'Antiquité romaine est exaltée, auguste contrepoint à la prétendue obscurité médiévale. D'autres Antiquitez  sont pourtant aussi conviées, celle des Gaulois ou des Germains. Les différents usages de l'Antiquité tiennent alors tout autant du mythe des origines que de l'anthropologie du pouvoir. Les émotions varient, l'histoire demeure, temps long des cultures. Boulainvilliers justifiait les privilèges des nobles par la germanité conquérante, Sieyès la révolution des roturiers par la gallicité autochtone. Sous la Révolution, les concepts de citoyen et de gouvernement représentatif sont construits dans un double mouvement de référence et d'opposition à l'Antiquité. La controverse perdure entre germanistes et romanistes et prend une nouvelle ampleur au XIXe siècle, dans le contexte d'une Europe multiculturelle où les nations réinventent leurs origines.  Aujourd'hui encore, le problème historique de la dialectique entre les coutumes des « nations » et la loi romaine, jus commune, prend la forme, peut-être mystifiée, de la rencontre - ou de l'opposition - entre droits continentaux romanisants et Common Law anglo-saxonne.

                « C'est la mémoire qui fait votre identité ; si vous avez perdu la mémoire, comment serez-vous le même homme », disait Voltaire. Hier comme aujourd'hui, l'Antiquité est d'abord une question de regard, regard qui varie selon la façon que l'on a de se représenter le présent, la nécessité qu'il y a de s'approprier le passé, de le rêver ou de le réinventer. Mais au-delà du politique et du juridique, les usages de l'Antiquité avaient aussi une certaine immédiateté parce qu'ils procédaient de notre quotidien. Il y a peu encore, l'Antiquité nous était à ce point familière que la mémoire du passé constituait une sorte de socle commun, base d'un certain entendement. Somme toute, une vieille histoire continuait, traînant  dans son sillage des valeurs, un mode de pensée, un langage et des concepts. En va-t-il toujours ainsi aujourd'hui ? Le temps s'accélère. Le culte d'un présent déjà voué au futur  incite à penser le passé comme une époque révolue ; anniversaires et lois mémorielles forment l'apparat d'une pseudo-histoire, d'une histoire spectacle qui tantôt satisfait tel ou tel groupe dans une « juxtaposition de compassions mémorielles », tantôt entend figer un prétendu souvenir national. Les sens se perdent, les mots surabondent, les catégories vacillent, comme si l'Antiquité n'était définitivement plus, comme s'il fallait maintenant inventer son antonyme, la postiquitas.

                Pour mieux comprendre cette mutation qui s'opère, nous proposons de réfléchir sur les usages de l'Antiquité dans une perspective pluridisciplinaire car c'est la variété des questions qui fonde la richesse de la recherche. À cet égard, un éclairage en provenance de la théorie du droit et de l'analyse des discours n'est pas négligeable, qui pourrait utilement compléter les apports de l'histoire du droit et de la science politique. On pourrait ainsi se pencher sur les usages justificateurs de l'idée d'Antiquité, ce qui reviendrait à s'intéresser aux idéologies juridico-politiques que l'Antiquité a nourries. Le but de la rencontre est donc d'inviter historiens, politistes et théoriciens à réfléchir autour du discours juridique, à réunir les différentes analyses de discours juridiques qui, jusqu'à aujourd'hui, font usage de l'Antiquité, étant entendu que ces discours ont une connotation politique, mais que le sujet n'est pas les modèles politiques de l'Antiquité (comme la cité, le césarisme, le gouvernement mixte ...).

 

                   

    Pierre Brunet  - Jean-Louis Halpérin  -  Soazick Kerneis 

 

Les usages de l'Antiquité

Le vendredi 13 avril 2012

Bâtiment F, salle 352

 

 

9h30-10h - Ouverture par Matthieu Conan (Directeur de l'UFR de Droit et Science politique, Université Université Paris Nanterre)

 

L'Antiquité retrouvée

 

10h-11h30

 

Bernard Lacroix (Université Université Paris Nanterre), modérateur

 

Arnaud Skornicki (Université Université Paris Nanterre) et Christophe Le Digol (Université Université Paris Nanterre) : "L'Antiquité au miroir de l'économie politique, des Lumières à la Révolution"

Olivier Renaut (Université Université Paris Nanterre) : "L'éthique des vertus : un retour à la philosophie morale grecque "

Jean-Louis Halpérin ((ENS Paris), "Les modèles antiques dans la doctrine américaine des XVIIIe et XIXe siècles" ?"

 

Antiquités orientales

14h-15h30

Jean-Pierre Poly (Université Université Paris Nanterre), modérateur

 

 

Sophie Demare-Lafont, (Université Paris II, EPHE), "L'âge d'or : un mythe oriental et orientaliste"

 

Aram Mardirossian (Université Université Paris Nanterre), "La tradition des Macchabées dans l'Eglise arménienne actuelle"

 

Soudabeh Marin (Université Université Paris Nanterre) : "Metron, Hubris et dikè dans les sources zoroastriennes"

               

 

L'Antiquité au présent

 

16h-17h30

Pierre Brunet (Université Université Paris Nanterre): modérateur

 

Eric Millard (Université Université Paris Nanterre) : "Les usages de l'antiquité dans le réalisme scandinave"  Véronique Champeil-Desplats (Université Université Paris Nanterre), « De quelques références  à l'antiquité dans les manuels de libertés publiques et droits de l'homme » 

Frédéric Constant (Université Université Paris Nanterre): "Les ambiguïtés de la République populaire de Chine à l'égard de l'héritage antique: l'exemple du droit pénal".

  

 

Mis à jour le 12 mars 2012