Publié le 22 février 2019–Mis à jour le 5 novembre 2019
L’insulte est commune aux sociétés humaines, ou même animales. Ses vecteurs sont innombrables. Ils vont de l’invective au pamphlet, de l’écrit au chant, au poème insultant autrefois déclamé en Islande ou en Irlande. Ses modes de réparation sont eux aussi nombreux. Car l’insulte est avant tout prise comme une atteinte à l’honneur qui, tantôt appelle la réponse du fer, tantôt celle la joute verbale, tantôt ouvre la voie judiciaire ou extrajudiciaire des modes amiables de règlement de conflit. Elle entraîne aussi souvent une sanction, car elle porte atteinte ou bien à la divinité, ou bien à l’autorité, toujours à la réputation. L’outrage qu’elle constitue doit être puni, comme le montrent, depuis une trentaine d’années, les nombreuses études sociologiques, psychologiques, juridiques ou historiques qui ont été produites sur la question.
Date(s)
le 15 mars 2019
Accueil à partir de 9h45
Lieu(x)
Bâtiment Simone Veil (F)
Salle des Actes 1er étage (F141)
La notion d’insulte semble reléguée en droit français au profit de notions qui semblent plus efficientes comme l’injure ou l’outrage, ainsi que peut le faire le législateur lui-même à propos des outrages aux dépositaires de l’autorité publique (433-5 r ou 434-24 du Code pénal) qui englobent les insultes, les menaces... On le voit donc, la détermination juridique de l’insulte demeure floue, et une lecture, même rapide, des analyses disponibles sur toutes ces notions montre des tentatives de définition qui chacune pose problème dans la mesure où les explications renvoient souvent l’une à l’autre. Pour autant, le caractère « performatif » (selon la terminologie de John Austin) de l’insulte, « forme typiquement linguistique de l’injure », est avéré puisque par le seul fait qu’elle soit prononcée provoque, blesse et, parfois, tue.
Comment le droit peut-il rendre compte de ces variabilités ? Seule une approche transdisciplinaire peut offrir quelques éléments de réponse. C’est ce à quoi s’attacheront les chercheurs réunis par le CHAD à l’Université Paris Nanterre.